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EXTRAITS

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" Maintenant, c’est bon, tu le sens, là ? T’es prêt ? Allez, vas-y, dis ton texte, je ne m'interromps plus, allez, vas-y, balance tout !

Mesdames, messieurs,

Souvenez-vous de l’acteur comme ce rêveur impudique venant offrir son corps et le corps de sa voix au monde
Chaque acteur traversant plateau laisse traces indélébiles dans l’espace
Voyant à jamais

Audible à jamais dans les murs
Dans les plus profonds recoins de la matière
Venu pour danser le texte
Textuer la danse
Devenu instable aujourd'hui
L'acteur est là pour tout dire
Libérer les mots enfouis au coeur des pierres
L'acteur est venu tout nu tout dire pour que ça avance Que la pensée pense
Pour te surprendre
Suspendre devant toi le temps comme un fil d'or
Te rappeler à tes meilleurs souvenirs
Te montrer comment c'est l'homme en vrai

L'homme qui acte qui jacte qui a fait un pacte avec le verbe avec le bois du sol
Ce soir
L'homme est venu pour lancer encore encore encore encore encore encore en corps une parole dans l'espoir qu'elle t'étonne qu'elle sonne et tonne pour que tu frissonnes.
Ça va être drôle l'acteur va prendre des rôles a une vitesse folle pour que tu rigoles.

On va rigouler
Ça va être la rigoulade."

 

...

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"Un plateau, pour vivre ça avait besoin de texte. Animer des décors, trouver des solutions pour acteur à idées, faire vivre l’espace, être acteur de l’arrière, hisser la grand-voile, naviguer ensemble, improviser pour conserver l’illusion, construire des portes, entretenir le matos, réparer les accessoires, s’amuser avec ta vue, t’offrir un plateau nu, respirer au rythme du spectacle. C’était ça la technique, c’était ça le théâtre. Mais maintenant c'est fini, foutu, tout a explosé. L’acteur a chu, laissant le teckos à la dérive dans l’océan glacial des sièges vides. »

Ô ! Théâtres de France et d’ailleurs, aujourd’hui vides d’âme, de sens et de mots, souvenez-vous du technicien. Gardez ses mots. Gardez l’empreinte de chaque geste technique effectué pour vous donner la vie aux yeux du monde.

Et vous, public, souvenez-vous de la lumière. Un technicien sans théâtre, c’est comme un homme sans planète. Souvenez-vous de l’acteur nucléaire. Véritable hangar à photons dont le double était partout caché dans l’ombre pour faire avancer la nébuleuse mécanique. Noiiiiiir !!!

Et quand tout le monde est parti, que les lumières sont éteintes et que le dernier technicien à fermé la porte, seule subsiste cette lueur qui veille sur le décor : la servante.... Tel un phare dans la nuit, elle éclaire les vestiges..... Les fantômes....

Noir.

Public, il est temps que tu rentres chez toi maintenant, j’ai tout donné. Tu as rouvert de vieilles rancoeurs et tu ferais mieux de partir avant que je devienne franchement radioactif, nuisible ou pire : lassant. J’avais oublié que faire du théâtre pouvait être à ce point éphémère, vain, inutile car n'intéressant que trop peu de gens. Le théâtre c'était fini avant que l'acteur éclaire la nuit de son explosion. Si l’acteur est devenu matériau fissile c’est parce que le public avait fui les salles. Plus personne n’allait au théâtre.

Alors laisse moi je vais retourner dans ma cage contempler le monde qui sombre."

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...

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"Ah, par Dionysos, voilà que l’acteur se fait l’écho des espèces disparues et tente d’irradier le public de sa mélancolie. Vite un spot de pub, un flash info, un tirage du loto. Vite, des nichons, du reblochon, du chauchichon.
Faisons entrer un personnage haut en couleur qui ravira petits et grands par son optimisme débordant et le culte qu’elle voue à la société de consommation.

Mesdames et messieurs : Beverly dans son one-woman-choses.
«Big-up à tous les boyz and girlzzzz ! Wesh il y a du monde ou quoi ce soir !!? Fa-bu-leux. Ce monde est fa-bu-leux !

C’est ouf de ouf ! Les mecs, ce soir ça va groover sur le dance-floor, Hin hin hin hin hin hin que nos pas de danse tectoniquent la faune et la flore, vive les caisses, les boites et les consos gratos. Cum shot pour tout le monde, je me frise la touffe avec mon sex-toy GEANT !

Le monde est beau, il faut être équipé mais le monde est méga beau. Putain ! Mais qu’est-ce qu’on se faisait chier le dimanche avant IKEA.

Moi, je suis parée. J’ai tout ce qui faut pour survivre.
Dans ta face Bâtard, nan j’déconne, un coca steup ! Cimer ! Wouah, il est auch ce black. Depuis d’t’à l’heure, il arrête pas de m’téma !

Eh, les mecs ! Moi j’débarque, j’ai tout avec moi, j’m’en bats le clit et j’m’en bats la race des keums qui sont pas dans l’délire. Lol, les mecs ! Mdr, les mecs, mort de lol. Ptdr !!!

Moi j’ai mon baggy, mes faux einss, mon ipod, ma 3G, mes requins, mes babies, mon Q7, mon actinium, mon plasma, mon duplex, un shorty, ma lulepi, mon myspace, mes démos, mon t-shirt Ribery. Les photos de mes keums, un coca et ma coke, sur mes ongles une frenchy, dans la tête un oiseau, la 3D, le numérique, j’suis câblée, j’fais bluetooth, dv cam, la redoute, mon glam, mes potes gays, mon iphone, ma mailing, mon jupping, le week-end : c’est le web !!!! Un texto, mon red bull, mon butt plug, un Pitt bull, mes vidéos, mon réseau, mon meetic, ma playlist, du gloss, mon shaker, mes chouchous, mon minou épilé, mon pass Disney, mon pass navigo, ma carte UGC, ma carte indigo, mon TT, mon LCD, ma PSP, mon faux cul en PVC, mon crédit à vie, mon laser, mon BEP, d’la maille, du bling bling, du pimp, un gun, du shit, des poteka, d’la vodka, un coca !"  

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